La classe sociale oubliée: les animaux non-humains

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Chien Gilet Jaune – Photo SPA (https://www.santevet.com/articles/gilets-jaunes-les-chiens-aussi-manifestent)

La science nous dit que les animaux non-humains se catégorisent en groupes sociaux avec une culture propre, qu’ils sont intelligents, qu’ils réléchissent, qu’ils ont une vie sociale et des liens sociaux et bien entendu qu’ils souffrent. Ils sont donc, selon leurs espèces, une classe sociale à part entière parce qu’ils sont opprimés et exploités par une classe « supérieure », la classe humaine.

Dans ce grand moment de révolte des Gilets Jaunes que je soutiens, il n’est pas inutile de rappeler que la classe sociale la plus oubliée est celle qui attérit généralement dans l’assiette des riches comme des pauvres. Il y a cependant une grande différence: il est beaucoup plus simple pour une personne qui en a les moyens de faire le choix du véganisme que pour un pauvre condamné à la malbouffe pas chère et dont les décisions sont donc restreintes par le porte-monnaie.

Durant sa campagne présidentielle, et même depuis, Jean-Luc Mélenchon expliquait très justement que le pouvoir d’achat est toujours lié à la qualité de la nourriture que nous mangeons. Sans pouvoir d’achat, il n’est pas impossible de manger végétalien mais parfois plus difficile (j’en sais quelque chose car je suis précaire) mais à la condition d’être informé, éduqué, ou d’avoir une conscience animaliste depuis longtemps qui permette d’ajuster nos habitudes en fonction de nos moyens. Je donne des solutions simples et souvent pas chères pour devenir végane dans mon livre « C’est quoi le Véganisme? » donc je n’y reviens pas ici.

Comment donc faire en sorte que les animaux non-humains soient reconnus en tant qu’individus alors même que le pouvoir et les médias ne voient en les gilets jaunes qu’une masse de prolos idiots, « beaufs » et alcooliques. Dans ces prolos, j’en connais qui sont véganes et sont présents avec les gilets jaunes (coucou les copines!). Je n’ai jamais séparé les questions sociales du combat animaliste parce que tout dans ce monde est lié. L’exploitation animale amène à l’exploitation des humains. L’une n’existe pas sans l’autre. Comme le dit Will Tuttle, « ce que l’on fait aux animaux, nous le faisons tôt ou tard aux humains ». Cela se vérifie dans toute l’histoire de l’humanité à commencer par les premières cultures d’élevages venant du moyen orient il y a environ 10000 ans. Ceux là même qui ont créé la domestication et l’esclavage des animaux non-humains pour leur profit on ensuite créé les premières guerres, la domination des femmes, l’esclavage des vaincus de leurs guerres etc….

Il est intéressant de noter aussi que ce sont les plus pauvres qui souffrent le plus de maladies évitables liées à l’alimentation. Toutes ces maladies proviennent de la malbouffe industrielle et notamment les produits d’origine animale que le professeur T-. Colin Campbell appelle les « maladies d’affluence » (diabètes, maladies cardiaques, certains cancers, etc.). Car en fait, ce sont des maladies classiques de pays riches. Manger végétalien est donc dans l’intérêt des plus précaires (qui ont le plus de difficultés à se soigner également) et cela peut être fait sans que ça ne coûte plus cher que de manger de manière « classique ». Cela coûte même souvent moins cher. Là aussi, je donne des clefs dans mon livre donc je n’y reviens pas.

Les gilets jaunes ne sont rien d’autres qu’une expression de plus de la révolte des dominés sur les dominants. Les animaux non-humains ne peuvent pas se défendre mais, heureusement, ils ont des porte-paroles humains. Revendiquer la justice sociale passe par une évolution du niveau de vie du « petit peuple » si moqué par les élites. Ce petit peuple pourra ensuite faire des choix « consuméristes » plus justes et éthiques. Le pouvoir d’ailleurs n’est pas chaud pour éduquer convenablement les enfants de cette classe prolétaire par exemple en permettant à ses enfants d’apprendre à manger autrement (les plats végés dans les écoles en options tous les jours et non au compte goutte) et à leur enseigner une vraie connaissance scientifique et humaniste des animaux non-humains qui permettrait d’aider à enreiller la maltraitance de ceux-ci. Garder le peuple ignorant de ceux qui sont encore plus opprimés qu’eux est la même tactique que de le diviser en lui faisant haïr l’immigré ou le migrant souvent bien plus misérable que lui.

La diversion des élites est voulue pour qu’on ne pointe pas le doigt de leur coté. Mais il semble que cela marche de moins en moins. Le mérite du mouvement des gilets jaunes est d’avoir su passer au delà de la simple revendication de départ (le prix du diesel) et d’élargir la problématique en sachant voir qui profite sur leur misère. Maintenant, la revendication du RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne) est une clef énorme pour la souveraineté populaire mais pourrait aussi devenir un moyen de créer des changements pour les animaux. On peut par exemple imaginer un RIC qui dirait « pour ou contre la corrida », sachant qu’au moins entre 70% et jusqu’à 80% des français y sont opposés. En cela, ce mouvement EST donc révolutionnaire!

Reste à voir jusqu’ou il pourra aller. Car si des transformations de société doivent venir, elles permettront également, tôt ou tard, des avancées pour la biodiversité, le climat et donc les espèces non-humaines, premières sacrifiées par le capitalisme et les multinationales.

 

© Copyright Décembre 2018 – Veronique Perrot – Tout droits réservés. Toute utilisation et/ou publication non-autorisée de ce matériel sans l’autorisation verbale ou écrite de cette auteure et/ou de cette propriétaire est strictement interdite. Des extraits ou des liens peuvent être utilisés si un crédit clair et complet est donné avec une direction spécifique et appropriée vers le contenu original.

Sources:

  • Gilets jaunes : les chiens aussi manifestent ! Santé Vet
  • RESPECTER LES ANIMAUX C’EST AFFIRMER NOTRE HUMANITÉ – Jean-Luc Mélenchon
  • Lien à mon livre « C’est quoi le véganisme? » qui donne des solutions simples qui incluent ceux avec peu de moyens.
  • 80% des Français considèrent que le supplice et la mise à mort d’un animal (comme dans une corrida ou un combat de coqs par exemple) ne peuvent plus être considérés comme un spectacle en 2018 en France, selon un sondage IFOP de 2018 (source : Fondation Brigitte Bardot). Politiques Animaux

Cher Jean-Pierre…

Jean-Pierre Garrigues à la manif de Rodhilan en Octobre 2015
Jean-Pierre Garrigues à la manif de Rodhilan en Octobre 2015 (photo personnelle)

 

Il y a environ 1 an, tu m’as invité à te rencontrer à Alès après que j’eu accepté ton invitation à me joindre au travail du CRAC Europe. Je ne t’avais jamais parlé, seulement croisé durant les combats menés lors des manifestations contre les tortionnaires de la tauromachie.

Nous avons parlé longuement, tu m’as offert un café, et surtout tu m’as accordé ta confiance. Cela, je ne l’oublierai jamais.

Je suis engagée dans la cause animale, notamment, depuis environ 10 ans. J’ai côtoyé des centaines de militants, des leaders de la cause animale de nombreux pays ici et outre Atlantique. Peu ont laissé une trace mémorable dans mon esprit vue la superficialité souvent intéressée et souvent tristement peu sincère de leur engagement pour les animaux non-humains.

Tu étais clairement différent: désintéressé, sincère, bon, humain, et surtout tu plaçais le combat pour les taureaux au-dessus des égos, au-dessus du tiens. C’est une chose très rare dans l’univers animaliste de rencontrer une personnalité à la fois charismatique mais sans orgueil, quelqu’un avec un grand cœur pour les animaux et les humains. Peu de gens possèdent les vertus de militant totalement engagé mais qui ne cherche pas à évincer les autres pour se promouvoir lui-même mais qui, au contraire, aime l’unité.

Jean-Pierre, tu faisais partie de ce très petit cercle de grands leaders. A titre personnel, je n’ai pas oublié l’adorable petit cadeau que tu m’as envoyé Noël dernier et que je conserve précieusement.

J’ai appris beaucoup à ton contact: la détermination, la gentillesse, le dévouement à une grande cause mais aussi aux autres. Même lorsque tu étais malade, tu prenais le temps de nous servir chez toi pendant que nous nous régalions des merveilles culinaires de ton épouse Coloma. J’en garde de très bons souvenirs.

Parce que mes convictions profondes font que je considère la mort uniquement comme un passage, je suis convaincue que je te reverrai, prêt encore et toujours à défendre les opprimés. Lorsque ce sera le cas, compte sur moi comme les taureaux ont pu compter sur toi.

Paix à ton âme. Avec toute mon affection. Ce n’est qu’un au revoir.

 

Jean-Pierre Garrigues (1964-2017) pour toujours dans nos cœurs.