Je viens de passer trois jours au CHU de Nîmes. Cette hôpital est une sorte de monstre géant et tentaculaire dans lequel vous avez la garantie de vous perdre (sérieux!). J’y suis allée pour faire enlever ma vésicule biliaire (voir plus loin à ce sujet). Etant très inquiète de l’état de l’hôpital public et de la souffrance au travail des soignants, j’ai pensé que cette intervention était l’occasion de prendre des notes sur mes observations et lors de conversations possibles avec les soignants.
Premier jour:
Ma première pensée en arrivant en salle d’enregistrement du séjour était « comment un endroit comme celui-ci garde-t-il une dimension humaine? » La réponse se trouve en chacun des soignants que je vais rencontrer sur les trois jours de mon séjour à commencer par la jeune femme qui enregistre mon arrivée. En salle d’attente, ma curiosité me pousse à demander à une dame qui vient de s’enregistrer combien de gens sont devant elle. La réponse: Vingt-Trois. Je n’en ai que deux mais il est vrai que mon séjour était programmé à l’avance. De plus, tout le monde ne se présente pas pour une hospitalisation. La salle d’attente est bondée de monde. Je dois y rester au minimum trente minutes avant que la jeune femme, que j’avais vu s’empresser d’un endroit à l’autre pour accueillir les gens, ne m’appelle à mon tour. Elle est stressée. Je compatis immédiatement car j’ai vu un bureau d’acceuil ouvert sur deux. J’en compte environ vingt. Sous effectif… déjà.
Je lui demande si ça va. Elle me répond, abruptement, qu’elle n’a pas le temps de discuter avec moi. Combien de temps a-t-elle pour chaque personne qui se présente? Trois minutes, pas une de plus. Elle termine et m’indique où aller ensuite. Ignorant son comportement, je lui souhaite bon courage et je reçois un sourire de gratitude en réponse. (A suivre).
Je continue dans le dédale du CHU et j’arrive aux ascenceurs. Un seul marche sur les deux disponibles. Une dame, régulière du CHU, me dit que ça fait des mois qu’il est en panne. Il y a les escalier mais veut mieux être valide… ou très patient.
Arrivée au bon niveau, je rencontre Corinne (1), une aide soignante très sympa qui m’installe dans la chambre et me montre tout ce que je dois savoir. Le personnel de ce service me semble moins stressé que celui de l’accueil car le contexte est différent.
Mon végétalisme est bien accepté à ma grande surprise (je pensais que manger serait compliqué). Il semble que le repas très « light », vu qu’il s’agit de chirurgie digestive, ne devrait pas poser problème.
Deuxième jour: l’opération
J’ai interdiction de boire quoi que ce soit après six heures du matin et de manger depuis minuit. J’ai extrêmement soif mais je dois prendre mon mal en patience. On m’a dit que j’irai au bloc opératoire en fin de matinée. Chaque personne qui passe me voir est toujours très gentille. Je suis dans une chambre sans voisine (coup de bol).
11h30: Il y a 3 opérations avant moi. On me permet d’avoir un doliprane sous la langue pour quelques douleurs vers 13 heures.
14 h 30: Un brancardier, jeune homme dynamique et plein d’humour, m’emmène au bloc pour la chirurgie. C’est comme une usine. Les brancards sont alignés. On vous installe les perfusions. Une étudiante en médecine et plusieurs internes s’affèrent autour de moi. Je me sentais dans un film de guerre, l’intérieur me faisant penser à un sous-marin (et l’abscence de mes lunettes n’arrangeait pas cette impression). La sortie se fit environ deux heures plus tard. Le personnel a été remarquable.
La nuit qui suit l’opération, je rencontre une interne et lui dit que je vais écrire sur les conditions de travail à l’hôpital. Elle est très contente et prend cinq minutes pour me parler. Elle m’explique qu’il y a deux infirmières pour vingt-trois patients. « Ca pourrait être pire », me semble-t-elle dire. Mais ça pourrait être mieux.
De retour dans ma chambre, j’entends un patient excédé de sa situation insulter les infirmières. J’admire leur patience et leur fermeté nécessaires. J’avoue à une infirmière que je ne pourrais pas garder mon calme (d’ailleurs pourquoi je ne me vois pas dans un métier comme celui-ci).
Je décide de me promener un peu le matin avec « Max ».
« Max ». Surnom que j’ai lui ai donné à cet objet car il ne m’a pas quitté de la journée.
J’en profite pour discuter rapidement avec une autre interne qui me décrit le manque de moyens dont elles et ils souffrent tous. Elle me dit qu’ils tiennent uniquement parce qu’ils aiment leur métier et prendre soin des gens. D’ailleurs, elle « n’attend absolument rien de la ministre de la santé actuelle ».
Pour les repas, ils ont été supers et ont fait en sorte de me fournir des plats végétaux.
Troisième jour: La sortie
Je retrouve la personne qui m’avait accueillie deux jours auparavant. Ma bienveillance à son égard a fait qu’elle se souvenait très bien de moi et elle m’a gratifié d’un grand sourire. Je lui ai conseillé de prendre soin d’elle-même.
Autre sourire de gratitude.
Les noms ont été changé pour protéger l’anonymat des soignants.
Ces calculs qui m’ont pris en traître.
De tous les problèmes de santé que je pensais avoir, les calculs biliaires étaient les derniers auxquels je m’attendais. Cela faisait presque deux ans que j’essayais de trouver la source de mes douleurs dorsales. Elles m’auront bien empoisonné la vie. J’ai donc consulté médecins après médecins. Ayant des problèmes de dos depuis l’enfance (scoliose, disques esquintés), j’avais les premiers mois mis ces douleurs sur le compte du handicap moteur (et le fait que je vais avoir cinquante ans). Ensuite, cette cause éloignée, ma rhumatologue a penché pour une maladie immunitaire, vite écartée. Enfin, en faisant un jeun de deux jours, j’ai fait le lien entre manger et les douleurs. Direction le gastro-enthérologue et bonjour chirurgie.
Mais la question qui me turlupinait était celle-ci: Comment la vésicule biliaire peut-elle se remplir de calculs et j’ai donc fouillé dans les articles scientiques de mes profs, notamment le Dr John McDougall, le Dr Neal Barnard (grâce à son enseignement, j’ai éliminé mon diabète il y a des années) etc.
Les calculs biliaires, à 90%, sont liés au cholestérol. Ne mangeant aucun produit d’origine animale depuis 2006, il était mathétiquement impossible que mon problème soit récent. Les aliments 100% d’origine végétale ne contiennent aucun cholestérol et seul le corps produit donc le cholestérol nécessaire. C’est notamment une des raisons, parmi tant d’autres, pour lesquelles il ne sert à rien de manger des produits d’origine animale.
Les calculs biliaires sont une maladie des pays affluents, autrement dit riches. Ce n’est pas une maladie de pays pauvre (tout comme le diabète, la plupart des cancers, les maladies cardiaques, etc).
Comment cela se passe-t-il: lorsque la bile dans la vésicule est saturée de cholestérol, elle crée des calculs. Le Dr McDougall en décrit les causes ainsi: « Un régime très riche en aliments containant du cholestérol comme les viandes rouges, la volaille, le poisson et les produits laitiers est la cause principale du développement de niveaux très saturés de cholestérol dans la bile. Les huiles Polyinsaturatées (huiles végétales), aussi, pousseront le foie à excréter de plus larges quantités de cholestérol qui passent dans les fluides de la vésicule biliaire, et donc favorisent la formation de calculs. »
Je ne mange plus d’aliments contenant du cholestérol depuis 2006 (année où je suis passée à un régime végétalien) mais j’ai continué à utiliser (trop) d’huiles végétales.
Il y a deux situations possibles avec les calculs biliaires: soit ils sont indolores et donc vous les ignorez. Soit ils provoquent des douleurs énormes (ce qui était mon cas) et donc il faut enlever la vésicule. Fort heureusement, ce n’est pas un organe vital (comme l’appendice) et mon foie, mes reins, et mon pancréas sont en excellente santé.
Selon McDougall, un régime très peu gras et végétal permet dans beaucoup de cas d’éliminer les calculs sans passer par la chirurgie. Cependant, il précise bien que ce n’est pas une garantie. Dans mon cas, j’ai toujours eu tendance à trop aimer le gras et le problème était en évidence sous-jacent depuis des lustres.
John McDougall explique: « Une fois les calculs diagnostiqués, dans les cinq premières années, seulement 10% des patients développent des symptomes, sur vingt ans, 20% ont des symptomes. Cela veut dire que quelqu’un avec des calculs a 80% de chance de vivre sans symptomes, c’est à dire qu’il restent asymptomatiques. » Manque de bol pour moi, je me suis retrouvée dans les 10% à 20% avec symptomes. Mais cela veut aussi dire qu’il a fallu entre cinq et vingt ans pour qu’ils se développent. Je suis végane depuis 2006 et je mange majoritairement des aliments non transformés (et le plus possible bios) depuis au moins 2008. C’est bon j’ai compris. je devais trainer cela depuis longtemps mais c’étant sans douleur jusqu’à l’année 2017. Mon seul regret est de ne pas avoir réappris à manger dix ans plus tôt que prévu. J’aurais peut-être complètement évité le problème. La plupart de nos maladies modernes sont dues à nos régimes alimentaires, que l’on parle de diabètes (j’en sais quelque chose et j’en parle d’ailleurs dans mon livre « C’est Quoi le Véganisme? »), certains cancers, les maladies cardiaques, etc.
Je n’aurai jamais vraiment la réponse. Cela me conforte cependant encore plus dans l’idée d’éliminer au maximum les huiles végétales (mieux vaut manger des noix – qui ont des fibres – que de cuisiner à l’huile de noix, par exemple) et de rester végétalienne (2) pour ma santé.
2. Je me réfère au « végétalisme » quand je parle uniquement alimentation. Le « véganisme » est une philosophie de vie qui inclue le « végétalisme ».
La science nous dit que les animaux non-humains se catégorisent en groupes sociaux avec une culture propre, qu’ils sont intelligents, qu’ils réléchissent, qu’ils ont une vie sociale et des liens sociaux et bien entendu qu’ils souffrent. Ils sont donc, selon leurs espèces, une classe sociale à part entière parce qu’ils sont opprimés et exploités par une classe « supérieure », la classe humaine.
Dans ce grand moment de révolte des Gilets Jaunes que je soutiens, il n’est pas inutile de rappeler que la classe sociale la plus oubliée est celle qui attérit généralement dans l’assiette des riches comme des pauvres. Il y a cependant une grande différence: il est beaucoup plus simple pour une personne qui en a les moyens de faire le choix du véganisme que pour un pauvre condamné à la malbouffe pas chère et dont les décisions sont donc restreintes par le porte-monnaie.
Durant sa campagne présidentielle, et même depuis, Jean-Luc Mélenchon expliquait très justement que le pouvoir d’achat est toujours lié à la qualité de la nourriture que nous mangeons. Sans pouvoir d’achat, il n’est pas impossible de manger végétalien mais parfois plus difficile (j’en sais quelque chose car je suis précaire) mais à la condition d’être informé, éduqué, ou d’avoir une conscience animaliste depuis longtemps qui permette d’ajuster nos habitudes en fonction de nos moyens. Je donne des solutions simples et souvent pas chères pour devenir végane dans mon livre « C’est quoi le Véganisme? » donc je n’y reviens pas ici.
Comment donc faire en sorte que les animaux non-humains soient reconnus en tant qu’individus alors même que le pouvoir et les médias ne voient en les gilets jaunes qu’une masse de prolos idiots, « beaufs » et alcooliques. Dans ces prolos, j’en connais qui sont véganes et sont présents avec les gilets jaunes (coucou les copines!). Je n’ai jamais séparé les questions sociales du combat animaliste parce que tout dans ce monde est lié. L’exploitation animale amène à l’exploitation des humains. L’une n’existe pas sans l’autre. Comme le dit Will Tuttle, « ce que l’on fait aux animaux, nous le faisons tôt ou tard aux humains ». Cela se vérifie dans toute l’histoire de l’humanité à commencer par les premières cultures d’élevages venant du moyen orient il y a environ 10000 ans. Ceux là même qui ont créé la domestication et l’esclavage des animaux non-humains pour leur profit on ensuite créé les premières guerres, la domination des femmes, l’esclavage des vaincus de leurs guerres etc….
Il est intéressant de noter aussi que ce sont les plus pauvres qui souffrent le plus de maladies évitables liées à l’alimentation. Toutes ces maladies proviennent de la malbouffe industrielle et notamment les produits d’origine animale que le professeur T-. Colin Campbell appelle les « maladies d’affluence » (diabètes, maladies cardiaques, certains cancers, etc.). Car en fait, ce sont des maladies classiques de pays riches. Manger végétalien est donc dans l’intérêt des plus précaires (qui ont le plus de difficultés à se soigner également) et cela peut être fait sans que ça ne coûte plus cher que de manger de manière « classique ». Cela coûte même souvent moins cher. Là aussi, je donne des clefs dans mon livre donc je n’y reviens pas.
Les gilets jaunes ne sont rien d’autres qu’une expression de plus de la révolte des dominés sur les dominants. Les animaux non-humains ne peuvent pas se défendre mais, heureusement, ils ont des porte-paroles humains. Revendiquer la justice sociale passe par une évolution du niveau de vie du « petit peuple » si moqué par les élites. Ce petit peuple pourra ensuite faire des choix « consuméristes » plus justes et éthiques. Le pouvoir d’ailleurs n’est pas chaud pour éduquer convenablement les enfants de cette classe prolétaire par exemple en permettant à ses enfants d’apprendre à manger autrement (les plats végés dans les écoles en options tous les jours et non au compte goutte) et à leur enseigner une vraie connaissance scientifique et humaniste des animaux non-humains qui permettrait d’aider à enreiller la maltraitance de ceux-ci. Garder le peuple ignorant de ceux qui sont encore plus opprimés qu’eux est la même tactique que de le diviser en lui faisant haïr l’immigré ou le migrant souvent bien plus misérable que lui.
La diversion des élites est voulue pour qu’on ne pointe pas le doigt de leur coté. Mais il semble que cela marche de moins en moins. Le mérite du mouvement des gilets jaunes est d’avoir su passer au delà de la simple revendication de départ (le prix du diesel) et d’élargir la problématique en sachant voir qui profite sur leur misère. Maintenant, la revendication du RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne) est une clef énorme pour la souveraineté populaire mais pourrait aussi devenir un moyen de créer des changements pour les animaux. On peut par exemple imaginer un RIC qui dirait « pour ou contre la corrida », sachant qu’au moins entre 70% et jusqu’à 80% des français y sont opposés. En cela, ce mouvement EST donc révolutionnaire!
Reste à voir jusqu’ou il pourra aller. Car si des transformations de société doivent venir, elles permettront également, tôt ou tard, des avancées pour la biodiversité, le climat et donc les espèces non-humaines, premières sacrifiées par le capitalisme et les multinationales.
80% des Français considèrent que le supplice et la mise à mort d’un animal (comme dans une corrida ou un combat de coqs par exemple) ne peuvent plus être considérés comme un spectacle en 2018 en France, selon un sondage IFOP de 2018(source : Fondation Brigitte Bardot). Politiques Animaux
Note : ce courrier a été envoyé au journal Le Figaro le 24 Aout 2016.
Je tiens à féliciter le journal Le Figaro pour son article du 24 Aout 2016 sur le Véganisme. Après Paris-Match, Libération et un certain nombre d’autres journaux qui on eux aussi rédigé d’excellents articles sur ce mouvement, cela fait plaisir de voir un autre grand journal adresser ce sujet.
En tant que végane depuis 10 ans, j’aimerai cependant aborder certains points de l’article d’Audrey Fisné. Tout d’abord votre titre de couverture (qui a bien sur attiré mon attention) : « Après les végétariens et les végétaliens, la mode du véganisme ». J’apprécie que vous fassiez une distinction entre végétariens, végétaliens et véganes, étant donné les différences qui existent entre les trois groupes. En effet, les végétariens évitent toute chair animale (y compris les poissons que beaucoup assimilent encore à des plantes qui nagent). Les végétaliens ne mangent aucun produit d’origine animale, y compris les sous-produits comme la gélatine (qui vient des cochons et que l’on trouve notamment dans les bonbons), les œufs ou le miel.
Le véganisme, cependant, est une note au dessus de tout l’aspect alimentaire et votre mention de « mode » est à ce titre une identification incorrecte de ce que ce mot signifie. Le mot lui-même, inventé dans les années 40 par le militant britannique Donald Watson (fondateur de la première Société Végane au monde) est effectivement récent. Cependant, l’éthique elle-même, car il s’agit d’une éthique, remonte très loin (si ce n’est sous des noms différents comme Pythagoriciens, d’après Pythagore, végétarien lui-même). Dans certains temples bouddhistes de tradition zen en Corée, par exemple, il se pratique dans son sens éthique depuis plus de 600 ans. En France, on peut noter historiquement les Cathares, Chrétiens végétariens, qui ont été persécutés. Mais passons.
Le véganisme est avant tout une éthique de non-violence envers toutes les espèces (y compris l’espèce humaine) et donc un rejet (antispécisme) de la discrimination basée sur l’espèce et de la violence faite à d’autres êtres sentients (= qui ont le désir de vivre, peuvent souffrir, penser, avoir des émotions, etc., tel que cela est reconnu maintenant par de plus en plus de scientifiques). Ce n’est donc pas une « mode » mais une reconnaissance de plus en plus grande de nos responsabilités envers nos concitoyens terriens (eux aussi) mais aussi la planète. On sait (et c’est reconnu par l’ONU et le World Watch Institute) que l’élevage (y compris les petits élevages) est la cause numéro 1 du dérèglement climatique, de la pollution de l’eau, de la déforestation (notamment pour le soja transgénique – OGM – et le broutage de ces animaux au Brésil pour nourrir les animaux d’élevage des pays occidentaux, notamment la France, première importatrice de soja OGM en Europe), entre autres dégradations écologiques.
Le végétarisme et le végétalisme sont des pratiques alimentaires telles que vous les décrivez très bien dans l’article. Le véganisme est tout ce que j’ai cité plus haut.
Votre article note aussi très justement le problème de la pensée cartésienne qui « pollue » encore la pensée des gens et les gardent ignorants de qui sont vraiment les animaux non-humains. En effet, «l’animal-machine », ce terme honteux pour décrire un être pensant doit enfin être jeté dans les oubliettes de l’histoire avec toutes les « sciences » dépassées. Il n’a plus sa place au 21ème siècle ou les enfants, si ils étaient éduqués pour, sauraient réellement que nos chiens et chats ne sont pas les seuls avec une personnalité.
Pour revenir sur l’aspect santé de l’article, ce qui est évidemment important bien sur, il est à noter que de plus en plus de très bon livres de cuisine expliquent comment faire des fromages végétaux et autres délicieux plats végétaliens, que les recettes végétaliennes se comptent par millier sur Internet. A noter également que la France est riche en marché de fermiers (contrairement aux Etats-Unis ou j’ai vécu et dans lesquels, suivant l’endroit ou vous vivez, il peut même être difficile de trouver une tomate et encore moins une tomate bio). Manger végétalien est donc en fait facile. Comme me disait un ami, « c’est dur si vous pensez à vous-même, ça ne l’est pas si vous pensez aux animaux que vous épargnez. »
Comme le remarque avec justesse la sociologue Estiva Reus dans l’article, l’information sur la nutrition végétalienne doit contourner la médecine traditionnelle française encore encrée dans des mythes dépassés autour des recommendations alimentaires. La réponse du Dr Laurent Chevalier est un exemple type de l’ignorance (volontaire ?) des plus grandes études de ces 30 dernières années. Il serait temps que les médecins français réalisent que les deux plus larges académies de diététiciens au monde rassemblant plus de 60 000 experts en nutrition (sur le Canada et les Etats-Unis), ainsi que l’organisation PCRM (Physicians’ Commitee for Responsible Medicine) qui regroupe des milliers de médecins, s’accordent tous sur les bienfaits, à n’importe quel âge (y compris la grossesse) de l’alimentation 100% végétale. Si les médecins français prenaient le temps d’éplucher l’information scientifique et médicale de ces 30 dernières années (et on peut remonter jusqu’à il y a un siècle), ils seraient mieux à même d’aider ceux voulant se lancer sur une voix plus saine et éthique. Etre végétalien n’est pas se nourrir de Coca Cola et de frittes.
En tant qu’ex-diabétique pratiquement obèse à une époque de ma vie (je me suis guérie naturellement avec une alimentation complète et équilibrée 100% végétalienne et sans médicaments) et en tant que coach en santé holistique, mon expérience a démontré depuis le début que manger végétalien n’est ni compliqué, ni un casse tête nutritionnel, ni un « régime » dans lequel on compte ses calories. Il n’y a donc pas à avoir peur dès l’instant ou l’on s’éduque au minimum sur les bases importantes.
Ce qui me fait peur en revanche est qu’un français sur dix est maintenant obèse et un français sur quatre en surpoids (sources gouvernementales). Je trouve cela bien plus inquiétant que l’ultra rare végétalien pouvant avoir des carences sachant que les non végétaliens consomment trop de protéines (surtout animales), souffrent de carences en fer, B12 et calcium (malgré tout les produits laitiers qu’on leur dit de consommer et qui sont en fait néfastes pour la santé), problèmes qui ont plus avoir avec notre alimentation industrialisée qu’autre chose. Les végétaliens, dans leur majorité, sont très bien éduqués sur les questions nutritionnelles justement parce qu’on leur répète constamment le possible manque nutritionnel (un mythe).
Comme le disait le professeur T. Colin Campbell, auteur de la plus grande étude épidémiologique au monde sur le lien entre nutrition et maladies chroniques, « Il n’y a rien dans les produits animaux que l’on ne trouve pas dans les plantes. » Et c’est quelqu’un qui a grandit dans une ferme laitière, produit du lait bovin et cru pendant longtemps que les protéines animales étaient la « panacée », pas exactement un militant animaliste.
Il est donc urgent que la France (et son corps médical) rejoignent l’Allemagne, l’Angleterre, l’Israël, l’Espagne, l’Italie, les Etats-Unis et bien d’autres pays plus en avance qui ont sérieusement entamé une discussion sérieuse sur toutes les questions citées dans ce texte pour enfin renoncer à « l’homme-machine » pour aller vers « l’homme antispéciste ».
Terme clinique: Schizophrénie: « La schizophrénie est une psychose, c’est-à-dire une maladie mentale dans laquelle le sujet perd le contact avec la réalité et n’est pas conscient de son trouble. Elle se caractérise par des idées délirantes, des hallucinations, l’absence d’émotions ou l’incapacité de planifier des actions. » ~ Futura-Science.com
Schizophrénie morale d’après le Pr. Gary Francione: « Quand je parle de schizophrénie morale, je cherche à décrire la manière délirante et confuse dont nous pensons aux animaux comme une question sociale / morale. Cette confusion peut, bien sûr, comprendre des façons contradictoires ou incohérentes sur notre regard sur les animaux (certains sont membres de la famille, d’autres sont le dîner) mais cela ne signifie pas que je décris une scission classique ou la personnalité multiple. Notre schizophrénie morale, qui consiste à se bercer d’illusions à propos de notre sensibilité animale et les similitudes entre les humains et les autres animaux, et une énorme quantité de confusion sur le statut moral des non-humains, est un phénomène qui est assez compliqué et comporte de nombreux aspects différents . » ~ Gary Francione, A Note on Moral Schizophrenia
En 1896, Emile Zola écrivait un magnifique essai appelé « L’amour des bêtes » dans lequel, avec une grande beauté de langage, il s’horrifiait de la souffrance animale. La France est riche en grands philosophes qui se sont inquiétés, interrogés et se sont même enragés de la souffrance animale.
J’ai quitté la France en 1997, à une époque ou je me cherchais, avec un énorme ras-le-bol de la mentalité Française que je trouvais, alors, d’une négativité affligeante. Mais, malgré tout, j’étais consciente de laisser derrière moi un pays avec une histoire extrêmement riche, une langue magnifique, et une richesse philosophique et intellectuelle énorme.
Nous sommes maintenant au 21eme siècle.
Qu’est-ce que je retrouve presque 20 ans après? J’ai presque peur de le dire mais il le faut bien. Je vois une pauvreté morale et intellectuelle effrayante. Je parcours les réseaux sociaux et je vois des gens incapables d’écrire sans faire des fautes d’orthographes à chaque mot. Même une enseignante, récemment, m’a dit que j’aurai peur de ce qui se passe dans les Lycées. Et surtout, je vois une méchanceté et une pauvreté morale qui m’attristent profondément. Est-ce que mon pays, que j’ai toujours aimé, a tellement dégénéré? Je vois des politiciens à la télévision qui sont des lâches, des hypocrites, incapables de voir la réalité des problèmes et surtout qui se voilent la face par rapport a leurs actions sur la nature, la condition animale et humaine et leur responsabilité vis-à-vis de la communauté globale.
Ne vous y trompez pas, j’ai énormément à dire des Américains aussi, avec beaucoup de critiques similaires (et je ne me gène pas dans mes blogs en Anglais). Mais, comme me l’a dit une amie récemment, malgré mes anglicismes, mes erreurs dans le choix de mes mots (dues aux différences culturelles accumulées pendant presque 20 ans et dont on a été jusqu’à me traiter de « conne »!), mon Français ne s’est pas si dégradé autant que je le pensais.
Ce que vois en France est triste. Il y avait un temps où nous illuminions le monde avec notre richesse culturelle et c’est loin d’être le cas de nos jours. Nous aurions, par exemple, pu être en avance sur beaucoup de pays par rapport a la cause animale parce que beaucoup avant nous le comprenaient déjà, tels que Rousseau, Voltaire, Zola, Lamartine et d’autres.
« Les grands mangeurs de viande sont en général cruels et féroces plus que les autres hommes. » ~ Jean-Jacques Rousseau « Emile ou de l’éducation ».
« Il n’est pas vrai que le ventre des hommes soit la cause finale de l’existence des bêtes. » –« Qu’y a-t-il de plus repoussant que de se nourrir continuellement de chair de cadavre ? » Voltaire, végétarien, écrivain et philosophe français.
«D’abord, il faudrait classifier. Nous sommes légion, nous autres qui aimons les bêtes. Mais on doit compter aussi ceux qui les exècrent et ceux qui se désintéressent. De là, trois classes : les amis des bêtes, les ennemis, les indifférents. Une enquête serait nécessaire pour établir la proportion. Puis, il resterait à expliquer pourquoi on les aime, pourquoi on les hait, pourquoi on les néglige. Peut-être arriverait-on à trouver quelque loi générale. Je suis surpris que personne encore n’ait tenté ce travail, car je m’imagine que le problème est lié à toutes sortes de questions graves, remuant en nous le fond même de notre humanité. » ~ Emile Zola
« On n’a pas deux cœurs, un pour les animaux et un pour les humains. On a un cœur ou on n’en a pas »~ Alphonse de Lamartine, végétarien, poète dramaturge et homme politique.
Il n’y a pas de grande richesse intellectuelle aux Etats-Unis dans la grande masse moderne. Elle est même extrêmement pauvre, ignorante et manipulée. Mais il y a des exceptions chez des philosophes plus anciens comme David Henry Thoreau, Ralph Waldo Emerson, Mark Twain (un grand amoureux des animaux) ou encore Isaac Bashevis Singer, écrivain juif polonais naturalisé Américain et prix Nobel de littérature en 1978 qui a dit (entre autres): « Je ne suis pas devenu végétarien pour ma santé, je le suis devenu pour la santé des poulets. ».
Il y a heureusement aussi quelques grands penseurs modernes. Le meilleur que j’ai trouvé ces dernières années est le Dr. Will Tuttle, auteur du best-seller The World Peace Diet (Nourrir La Paix) qui dit dans son ouvrage:
« La suppression de la sensibilisation requise par notre pratique universelle de la marchandisation, de l’asservissement et la tuerie des animaux pour la nourriture génère un « trouble mental construit en nous-mêmes » qui nous pousse vers la destruction non seulement de nous-mêmes, mais des autres créatures et des systèmes vivants de la terre. Parce que cette pratique d’exploiter et de brutaliser les animaux pour la nourriture est venue à être considérée comme normale, naturelle, et inévitable, elle est devenue invisible. »― Will Tuttle, The World Peace Diet: Eating for Spiritual Health and Social Harmony(Nourrir La paix)
A mon grand désolément, je m’aperçois que la France s’est sérieusement dégradée.
Je vois les gens se battre, se « taper sur la gueule » (verbalement ou non) pour « des queues de cerises » (pour reprendre une expression) et encore croire à des stupidités qui sont dépassées depuis longtemps.
Depuis que je suis rentrée, je vois ceci sur les réseaux sociaux par rapport à ceux qui se disent aimer les animaux:
« Non, je ne veux surtout rien imposer à ma famille ». « Ah, mais non, chez moi je suis végétalienne mais chez les autres, c’est différent. » « Je suis végan chez moi, mais en dehors je suis végétarien. » « Je porte du cuir car c’est difficile de trouver des chaussures véganes ». « Mes poules sont heureuses et je mange leurs œufs« . Oh toutes les excuses que je lis depuis que je suis en France et qui n’ont aucun sens pour moi.
C’est amusant: je vois les Allemands, les Anglais, les Américains (pourtant loin d’être dans l’ensemble des lumières) et même les Israéliens avancer sur le véganisme et, pendant ce temps, je vois encore les Français se donner des excuses pour ne surtout pas offenser les autres (et par extension, ne pas faire avancer le véganisme en France).
Si les excuses sont nutritionnelles, je les comprends, car la nutrition végétalienne est encore rabaissée par tous les imbéciles dans les médias qui vivent sur des informations dépassées depuis au moins 30 ans et surtout le culte de la sacro-sainte cuisine française. Par exemple, ils continuent à dire qu’il faut combiner certains aliments pour avoir suffisamment de protéines (notion dépassée et réfutée depuis 30 ans) ou qu’être végétalien n’est pas bon pour les enfants (idem). Mais on est à l’ère de Facebook, Google, et de l’information. Quelle est donc encore l’excuse à ne pas s’éduquer de la part de ceux qui se disent aimer les animaux?
La France, le pays de la belle langue et d’une philosophie riche est-elle devenue un pays de fainéants intellectuels? Je me le demande. Ce n’est pourtant pas l’information qui nous manque. Le site de l’Association Végétarienne de France est rempli d’information nutritionnelle végane (et non végétarienne en fait) et a une tonne de recettes végétaliennes sur leur site et aussi un site dédié et même une page Facebook. Le site de FUDA (Forces Unies pour les Droits des Animaux) a un défi végan avec des recettes! L214 fait constamment des stands sur le véganisme et on se donne encore des excuses pour consommer des produits de violence?
Je me suis souvent demandée ces derniers mois si je serai devenue végane si je n’avais pas été aux Etats-Unis. La réponse est… je ne sais pas. Mon parcours a été complexe. Je me suis d’abord tournée vers les Droits de l’Homme (et surtout de la Femme) quand j’avais une vingtaine d’années (avec Amnesty International). J’ai découvert le Bouddhisme et l’Hindouisme et je suis devenue végétarienne pendant quelques temps. Ensuite, c’était l’écologie (aux USA) et enfin, j’ai trouvé (et compris) le véganisme fin 2006. Et après une transition d’environ un an, parce que j’en apprenais un peu plus chaque jour, le véganisme est devenu évident et j’ai fait une transition logique sans me poser de questions (au départ), comme je l’explique dans une présentation que j’ai faite à Los Angeles en 2014. Cependant, parce que les mythes nutritionnels sont persistants, je me posais des questions (normales) sur ma santé et je ne connaissais AUCUN autre végan!
Est-ce que je me suis assise sur mes lauriers? Non! J’ai fait mes propres recherches, je suis retournée à l’école (et par conséquent, j’ai bénéficiée d’une éducation végane par les meilleurs docteur/scientifiques végans américains) et ensuite, j’ai arrêté de me poser des questions.
Pourquoi je l’ai fait? Parce que je ne voulais pas rester ignorante et surtout savoir répondre aux questions de ceux qui ne savaient pas. Mais surtout, parce que j’en avais marre de voir souffrir les animaux pour des futilités et des mythes dépassés. Je rentre en France et je découvre que ces mêmes mythes, dépassés depuis au moins 30 ans ailleurs, persistent et ne veulent pas lâcher ici. Fainéantise intellectuelle des Français? Je me pose encore une fois la question quand les Américains, qui lisent encore moins que nous, ont développé le véganisme grâce uniquement aux réseaux sociaux. Ouvrez votre ordinateur, faites un peu de recherche, lisez (ou est-ce que les Français ne lisent plus?) et éduquez-vous. C’est aussi simple que ça. Il n’y a même pas besoin nécessairement d’aller à l’école. Ces mêmes docteurs qui m’ont éduqués (et m’ont permis d’éliminer mon diabète notamment) ont des informations partout sur internet.
Des tonnes de livres sont disponibles de nos jours qui répondent à la question des droits des animaux, la nutrition, l’écologie, etc… Il y a aussi une tonne de ressources sur Internet pour des vêtements et produits de beauté et d’entretien qui excluent la souffrance animale. On n’a jamais eu autant de choix. Mais non, on trouve encore des excuses. On ne vit pas au Pole Nord, on vit en Europe!
Etre ignorant mais vouloir apprendre et changer est une bonne chose. Contrairement, savoir mais ne pas vouloir changer, c’est une dissonance morale et une indifférence dégoutante. Dans le premier cas, la personne ne sait pas, mais elle découvre peu à peu et décide de ne plus participer à une souffrance sur les animaux complètement inutile et injustifiée (moralement, biologiquement, etc.). Dans le second cas, la personne sait parfaitement ce qui se passe mais continue comme avant. Oui, c’est ça la schizophrénie morale dont parle Gary Francione.
Les esclavagistes faisaient le même raisonnement avec leurs esclaves africains pour continuer à les exploiter (pour le profit). Et les racistes ne sont pas mieux.
Comme dit Gary Francione:
« Le fait est que la validité des principes moraux ne dépend pas du temps qu’a mis une personne en particulier pour reconnaître leur validité. Aucun de nous n’en doute lorsque des humains sont concernés. Par exemple, si quelqu’un a mis dix ans avant de reconnaître que le racisme est mal et cesser d’employer des épithètes racistes, doit-on en déduire que nous ne devrions pas rendre clair le fait que le racisme est mal ? Bien sûr que non. Est-ce que quiconque oserait suggérer un «Vendredi Sans Blague Raciste» pour fournir à ceux qui mettent du temps à cesser d’être racistes une approche « progressive » de la chose ? Bien sûr que non. »
Hitler faisait ce même raisonnement quand il faisait tuer des millions de gens et que ces docteurs nazis utilisaient la peau, les dents et autres parties du corps des juifs pour fabriquer des objets, comme les savons humains pour les Allemands ainsi que des lampes fabriquées avec de la peau humaine de la même manière que l’on porte la peau des animaux.
On sait maintenant, grâce à de nombreux experts en neurologie animale, que les poissons ont une intelligence équivalente à celle des mammifères. On sait aussi que les cochons sont, non seulement, plus intelligents que nos chiens, mais aussi possèdent l’intelligence d’enfants de 3 ans. On sait aussi qu’une poule protège ses bébés avec le même amour qu’une mère protège son enfant et que ses œufs sont SA propriété et non celle des humains.
Qui nous a donne le droit de vie et de mort sur les animaux? Dieu? Ce même Dieu qui disait que les femmes étaient inférieures et pouvaient mourir à coups de pierres si elles étaient infidèles. Ce même Dieu qui, dans l’Ancien testament, supportait l’esclavage?
Qui d’autre nous donne le droit de vie et de mort sur les animaux? Notre soi-disant supériorité? Comme le disait le philosophe Isaac Bashevis Singer: « Les gens répètent souvent que depuis toujours les hommes ont mangé des animaux, comme justification pour continuer cette pratique. En suivant cette logique, nous ne devons pas essayer d’empêcher les individus de tuer d’autres personnes, puisque cela aussi se fait depuis la nuit des temps. »
Si l’être humain est tellement supérieur, pourquoi est-il incapable de vivre en harmonie avec la nature comme toutes les autres espèces le font? Si l’être humain est si intelligent, pourquoi commet-il des génocides sur des populations entières d’autres humains ET d’autres animaux, alors qu’aucune autre espèce animale dans la nature ne le fait?
Si l’être humain était aussi intelligent qu’il le pense, il ferait, comme Will Tuttle le dit, « des liens évidents » dans sa conscience et comprendrait notamment que d’autres animaux (seulement 5% de VRAIS carnivores sur la planète – sans compter les omnivores) tuent pour survivre alors que la majorité cohabitent pacifiquement. C’est un fait qui est ignoré avec convenance pour justifier l’idée qu’il est « normal » de manger des cadavres et autres « produits » d’origine animale, ce qui est ironique vu que nous sommes physiologiquement herbivores.
Come a dit le Capitaine Paul Watson dans une interview sur Fox TV (dont il a parlé il y a quelques mois à Montpellier): « Les vers de terre sont plus importants que les humains. » Le journaliste, choqué, a répondu: « Comment pouvez-vous dire que les vers de terre sont plus importants que les humains? ». Paul de répondre: « Parce que les vers de terre sont plus importants que les humains. Pour la simple raison qu’ils peuvent vivre sans nous mais nous ne pouvons pas vivre sans eux. Que les abeilles peuvent vivre sans nous, mais que nous ne pouvons pas vivre sans elles. » La planète pourrait parfaitement survivre sans les humains, c’est la vérité que l’on doit s’admettre malgré notre arrogance.
Alors, je vous le demande: quand vous vous asseyez à une table et que vous dites, « aujourd’hui c’est ok, je mange un bout de fromage parce que je ne veux pas offenser ma famille », c’est comme si vous gifliez une vache! Oubliez-vous que ce morceau de fromage (qui parait insignifiant) cache la souffrance d’une mère, qui se fait violer constamment (avec une tige forcée dans son vagin), à qui l’on retire son bébé pour lui voler le lait (qui lui est destiné) et dont les humains n’ont aucun besoin biologique (faisant de nous la seule espèce mammifère sur la planète à voler le lait destiné à une autre espèce ET à l’âge adulte)? Quand sera-t-on sevrés?
Quand vous dites, « c’est difficile d’éviter les œufs » (ce qui est faut si on évite d’acheter des produits fabriqués par des multinationales – ce qui fait de nous des complices dans la destruction de la planète aussi – dans le commerce et que l’on met ses fesses dans une cuisine), vous cautionnez aussi la souffrance de milliers de poules qui vivent (de plus en plus) en cages, pour qui les œufs sont aussi précieux que les ovaires le sont aux femmes qui veulent avoir des enfants et qui sont destinés soit à faire naitre des bébés, soit à être remangés par elles (pour récupérer le calcium qu’elles ont perdu). Encore une fois, il n’y a aucune nécessité biologique à consommer le résultat des menstruations d’une poule.
Trouver des excuses pour ne pas offenser les autres est du spécisme pur et simple. On peut apprendre à dire NON sans offenser les autres. Ca s’appelle la diplomatie et l’éducation. Mon propre père, au début, me faisait la guerre sur mes convictions. J’ai pris la décision qu’un père qui aime vraiment sa fille respecte son éthique. Oui, il mange toujours de la chair animale devant moi mais au moins il ne me casse plus les pieds sur mon « choix » car il a finalement compris que ce n’était pas lui que j’attaquais en refusant l’exploitation animale. Et en plus, il a crée une ligne de produits bios, équitables ET végans! Il n’est peut-être par encore végétalien lui-même mais c’est un changement de sa part dont je suis fière et qui montre que l’on peut évoluer (même à 70 ans!). Maintenant, j’ai des repas végans à la maison.
Mon propre frère, qui s’est moqué de mon éthique végane pendant des années, m’a récemment offert deux livres de Marie Laforet (auteur de plusieurs livres de cuisine végane) pour mon anniversaire! Je ne l’ai pas forcé à changer et je ne lui ai rien demandé. Je n’en ai même jamais vraiment discuté avec lui. Mais j’ai un compte Facebook, donc il sait très bien ce que sont mes priorités dans la vie. Il a fini par comprendre de lui-même (qu’il change lui-même ou non) que je ne changerai pas et il me les a envoyés fièrement!
En France, on est très fort pour se plaindre de tout et protester pour protéger nos jours de congés (ce qui est soit critiqué, soit applaudi par le reste du monde – ça dépend à qui vous parlez). La France est le pays le plus productif d’Europe, d’après le British Office for National Statistics. Pour gueuler dans la rue pour nos droits, on est fort. Mais quand il s’agit de défendre les animaux, en dehors de crier sur les pro-corridas, on se cache derrière des excuses bidons qui ne font pas avancer la cause du véganisme en France. Et c’est même dramatique que certains militants soient anti-corrida, anti-fourrure, etc. mais continuent à avaler des cadavres d’animaux ou leurs sécrétions sans une minute de réflexion sur leur propre dissonance morale.
Après, on s’étonne que nous soyons 20 ans derrière certains pays? Je n’ai jamais entendu un militant américain s’excuser d’être végan ou dire qu’il est végan quand ça l’arrange uniquement. On est végan ou on ne l’est pas. Ce n’est pas l’un ou l’autre. C’est comme se dire esclavagiste à mi-temps!
Les animaux n’ont pas besoin de nos excuses pathétiques. Ils souffrent, sont torturés et massacrés à grande échelle pendant que certains ont peur d’offenser les humains qui participent à ce génocide mondial pour rester dans leurs zones de confort. Ca suffit! C’est le moment de se réveiller. Les chiffres révisés du massacres d’animaux terrestres ne sont plus de 60 milliards par an, ils sont maintenant de 150 MILLIARDS, d’après les calculs très justes de l’Association FUDA.
Quand va-t-on arrêter de se donner des excuses? Quand la planète sera vraiment invivable? On n’arrête pas de nous citer en France le chiffre conservateur de l’ONU sur le rôle de l’Agriculture Animale sur le changement climatique de 18% (environ). C’est un chiffre tellement mal analysé qu’il a été révisé par le WorldWatch Institute (une ONG) à environ 50%. Mais aucun média ne veut citer ce chiffre bien qu’il soit reconnu partout ailleurs et bien expliqué notamment dans le documentaire Cowspiracy.
Franchement, les médias Français et les Français eux-mêmes sont un miroir l’un de l’autre. D’un coté, on voit une discussion qui commence par rapport aux droits des animaux, l’impact écologique et la santé. De l’autre, on continue à baratiner pour trouver des excuses à ne pas changer et surtout continuer comme avant (et même, comble du ridicule, lancer la mode de manger des insectes).
Par ailleurs, qu’elle lassitude que dans un pays, soi-disant plus éclairé que les Etats-Unis notamment, on soit si en arrière sur des questions vitales aussi à notre propre survie (et pas uniquement celle des 1000 espèces d’animaux qui disparaissent sans espoir de retour chaque jour sur la planète).
Je suis d’ailleurs surprise (et quoi qu’un peu choquée) que lorsque l’on parle du véganisme en France, ca ne viens pas des Français eux-mêmes mais des étrangers. A la récente manifestation anti-corrida d’Arles, les seuls interlocuteurs qui ont parlé du véganisme étaient un Italien, le cycliste végan Paolo Barbon et Peter Janssen des Pays-Bas. Je tire d’ailleurs mon chapeau a Jean-Pierre Garrigues, président du CRAC Europe, pour avoir mis ces personnes formidables et braves en avant et pousser le message du véganisme et de l’abolition sous toutes ces formes aux militants anti-corrida (dont certains, je le sais, mangent encore des animaux). C’est encourageant mais il faut que ça aille plus loin.
On aurait du être les leaders éclairés de ce mouvement, mais en fait, pour beaucoup de militants étrangers, nous vivons encore au moyen-âge.
Franchement, j’aimerai bien leur prouver qu’ils ont tord mais ça ne dépend pas que de moi. Je vois cependant des signes encourageants et je veux rester optimiste.
– Liste extensive de docteurs, diététiciens végans aux Etats-Unis et ailleurs de mon amie Buttlerflies Katz (J’ai l’honneur d’être inclue): The Vegan Truth blog
– Le site Mr. Mondialisation sur le documentaire Cowspiracy. Autres documentaires exceptionnels voir: Vegan-France.fr – Voyez Cowpiracy en VO ST ici: News360.
// leonardvincent.net — Éclats politiques en aparté, littérature française partout ailleurs. — "Moy, je m’offre par mes opinions les plus vives et par la forme plus mienne." — Montaigne, Essais III.
« Je ne plierai pas, je ne m’en irai pas en silence. Je ne me soumettrai pas. Je ne me retournerai pas. Je ne me conformerai pas. Je ne me coucherai pas. Je ne me tairai pas. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; ce n’est pas subir la loi du mensonge triomphant » (Jean Jaurès).