La « psychologie » des arènes

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Vergèze, le 12 mai 2019, après la mort du premier taureau.

Je vais être claire: non je ne suis pas psychologue. Par contre, cela m’intéresse et il m’est intéressant d’observer les gens, surtout dans des situations qui me sont absolument opposées éthiquement. Sur les stands végans, la mentalité des carnistes est quelque chose qui me fascine.

Maintenant, dans les arènes d’une corrida, je dois dire que cela peut être un grand sujet d’intérêt. Ma curiosité l’emporte et je ne peux résister à l’idée d’essayer de piger ces gens qui aiment voir un animal être torturé alors qu’ils seraient probablement horrifiés s’il s’agissait de leur chien ou chat (quoique?).

Je suis donc allée à un « spectacle » de Corrida ce dimanche, tout d’abord pour filmer ce qui s’y passe mais aussi curieuse de « rencontrer » ces afficionados, ces amoureux de la mort et de la violence envers les taureaux. C’est édifiant.

Avant le spectacle taurin, le passage obligé est la buvette. Pour bonne mesure, j’ai avalé un petit rosé. Je me suis aussi dit que ça aiderait à faire passer ce qui suivrait. Puis j’ai pris le temps de « sympathiser » et discuter avec les gens, me fondre dans leur monde. Si je rencontrais ces gens hors du contexte, je les trouverais très sympathique. Voilà ici le grand paradoxe de cette populace. D’un coté, ils ont l’air civilisés, de l’autre, ils nous apparaissent comme des sadiques qui aiment le sang. Peut-être est-ce simpliste? Mais ce sont pourtant les faits.

Pour entrer dans les arènes, il faut soit être savamment manipulé depuis l’enfance et donc complètememnt embrigadé, ou être bon-ne comédien-ne et ranger ses émotions dans une boite bien fermée. Je me range tentativement en catégorie 2. C’est donc dans une boite bien fermée que j’ai mis tout mon ressenti pour les taureaux et que j’ai joué mon rôle « d’afficionado » convaincue auprès de ces gens « sympathiques » et joyeux (sic). Si l’on est pas capable de le faire, autant sortir des arènes tout de suite.

Le « spectacle » démarre. Les empaillés entrent, saluent la foule (arènes à moitié vides), les chevaux avec des nanas en costumes entrent puis les mecs en blancs chargés du « nettoyage » après chaque mise à mort. Salutations à la foule, applaudissements. Le cortège ressort.

Entre le premier taureau. En suivra 4 autres. Je ne ferai qu’un résumé car le déroulement est singulièrement le même. Les seules variations sont les degrés de boucheries des crétins amateurs sur la piste pour les tuer. Le premier empaillé arrive dans son costume trop serré (au niveau des… bon vous avez compris). Il agite sa cape rouge, réactions de la foule, quelques « holé », rien de grave jusque là. Ensuite viennent les banderilles, gentilles lâmes de plusieurs centimètres équivalentes d’une piqure de rappel pour ces gens mais qui sont bien en fait des couteaux enfoncés dans le corps de l’animal. Puis le crétin empaillé arrive avec son épée qui était cachée sous la cape, et, le cul en arrière (c’est grotesque) s’avance pour viser le cou du taureau. Les spectateurs retiennent leur souffle, je retiens mon dégoût. Il se lance et enfonce maladroitement l’épée dans le corps du taureau qui se met à tourner en rond affolé et certainement en grande souffrance. Le benêt a mal fait le « boulot » car l’épée ressort de moitié (ça arrivera sur 4 taureaux sur 5). A plusieurs, ils continuent à faire tourner l’animal en rond pour le désorienter. Puis il est piqué à la tête à plusieures reprises. Enfin, piqué est un gentil mot. Il réagit à chaque fois. Finalement, il s’écroulera sous les applaudissements des sadiques et dans son propre sang.

A la fin du « spectacle », ma voisine, très enthousiaste de mon « intérêt » pour tout ça m’invite dans son club taurin…. mmm pour étudier plus ces gens, pourquoi pas. Pour devenir comme eux? Certainement pas.

Note intéressante: pendant tout le déroulé, nous pouvions entendre les bruits et sirènes des anti-corridas à l’extérieur, ce qui a fortement énervé ces gens. Un a même dit: « Qu’est-ce qu’ils attendent pour utiliser les canons à eaux contre eux? ». Combiné au vent, ce n’était pas complètement la joie pour ces gens. Autre commentaire amusant celui là: « Je suis sûr que les anticorridas sont payés pour faire ça ».

J’ai enlevé le couvercle sur mes émotions le lendemain. Ces gens là, tristement, ont un couvercle depuis toujours et ne l’enlèveront probablement jamais.

 

© Copyright Mai 2019 – Veronique Perrot – Tout droits réservés. Toute utilisation et/ou publication non-autorisée de ce matériel sans l’autorisation verbale ou écrite de cette auteur et/ou de cette propriétaire est strictement interdite. Des extraits ou des liens peuvent être utilisés si un crédit clair et complet et donné avec une direction spécifique et appropriée vers le contenu original.

 

Ci-dessous vidéo du 4ème taureau massacré par les amateurs. Si vous êtes sensibles, je vous ai prévenu.

 

Cher Jean-Pierre…

Jean-Pierre Garrigues à la manif de Rodhilan en Octobre 2015
Jean-Pierre Garrigues à la manif de Rodhilan en Octobre 2015 (photo personnelle)

 

Il y a environ 1 an, tu m’as invité à te rencontrer à Alès après que j’eu accepté ton invitation à me joindre au travail du CRAC Europe. Je ne t’avais jamais parlé, seulement croisé durant les combats menés lors des manifestations contre les tortionnaires de la tauromachie.

Nous avons parlé longuement, tu m’as offert un café, et surtout tu m’as accordé ta confiance. Cela, je ne l’oublierai jamais.

Je suis engagée dans la cause animale, notamment, depuis environ 10 ans. J’ai côtoyé des centaines de militants, des leaders de la cause animale de nombreux pays ici et outre Atlantique. Peu ont laissé une trace mémorable dans mon esprit vue la superficialité souvent intéressée et souvent tristement peu sincère de leur engagement pour les animaux non-humains.

Tu étais clairement différent: désintéressé, sincère, bon, humain, et surtout tu plaçais le combat pour les taureaux au-dessus des égos, au-dessus du tiens. C’est une chose très rare dans l’univers animaliste de rencontrer une personnalité à la fois charismatique mais sans orgueil, quelqu’un avec un grand cœur pour les animaux et les humains. Peu de gens possèdent les vertus de militant totalement engagé mais qui ne cherche pas à évincer les autres pour se promouvoir lui-même mais qui, au contraire, aime l’unité.

Jean-Pierre, tu faisais partie de ce très petit cercle de grands leaders. A titre personnel, je n’ai pas oublié l’adorable petit cadeau que tu m’as envoyé Noël dernier et que je conserve précieusement.

J’ai appris beaucoup à ton contact: la détermination, la gentillesse, le dévouement à une grande cause mais aussi aux autres. Même lorsque tu étais malade, tu prenais le temps de nous servir chez toi pendant que nous nous régalions des merveilles culinaires de ton épouse Coloma. J’en garde de très bons souvenirs.

Parce que mes convictions profondes font que je considère la mort uniquement comme un passage, je suis convaincue que je te reverrai, prêt encore et toujours à défendre les opprimés. Lorsque ce sera le cas, compte sur moi comme les taureaux ont pu compter sur toi.

Paix à ton âme. Avec toute mon affection. Ce n’est qu’un au revoir.

 

Jean-Pierre Garrigues (1964-2017) pour toujours dans nos cœurs.

 

Un poête anti-corrida

Lors du tractage pré-procès Rodhillan le 12 janvier, nous avons rencontré des gens intéressants et qui nous ont soutenus. Nous avons passé la journée à informer le public de Nîmes sur l’importance du procès des aficionados le 14 et 15 Janvier 2016.

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Lynchage par le maire de Rodhilan et ses potes.

Mais pour moi, la surprise fut de rencontrer un homme charmant qui, touché par les tracts sur les faits de Rodhilan et étant lui-même anti-corrida, s’est empressé de discuter avec moi de nos motivations, de nos combats pour les animaux et même de mon travail de coach végane. Ce n’est pas tous les jours que cela m’arrive dans une ville comme Nîmes.

Il me demanda une copie du tract, un stylo et me dit d’attendre. Je le vis alors entrer à l’intérieur du Carré d’Art, lieu dans lequel on pouvait trouver l’ignoble exposition « Viart » aka Musée itinérant des Tauromachies Universelles«  qui lie honteusement les grottes de Lascaux à la Tauromachie (mensonge historique flagrant et dénoncé par les historiens).

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Tract donné avant le procès

 

J’attendais ce monsieur un peu mystérieux pendant environ 10 minutes, temps pendant lequel je continuais à donner le tract aux passants. Il ressorti finalement, me rendit mon stylo et me demanda de lire ce qu’il avait écrit au dos.

C’était un poème anti-corrida! Avec sa permission, je le reproduis ici:

 

Corri-nada

Partis de nulle part

Vers d’autres ailleurs

lls ont fait succomber

Disent-ils pour le meilleur

Ceux qui ne voulaient pas tomber

Des coups portés à leur flanc

De part en part

Eux qui étaient beaux, innocents

Vaillants sous le soleil cruel…

L’habit de lumière porte en lui

Les désespérances au delà de ces vies

Otées au nom barbare de corrida

Ovationné si fort dans les arènes

Mais désormais la coupe est pleine

Plus besoin de ces fils de « Torquemada »

La lutte doit avoir lieu maintenant

Pour briser ces pratiques sauvages d’autres temps

André Philippe Arowas

Poète Nîmois

Je remercie donc André pour son soutien et sa poésie. J’aimerai qu’il y en ai plus comme lui.

Sources:

  • Tollé contre l’appropriation de LASCAUX par la corrida ! FLAC
  • NÎMES Exposition taurine : l’Alliance Anticorrida dénonce des “pressions” sur une enseignante – Objectif Gard
  • Procès du lynchage de Rodilhan les 14 et 15 janvier 2016 à Nîmes – CRAC Europe

 

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