Une belle histoire mais aussi un dilemne éthique
Au mois d’Août, j’ai discuté avec une amie pour adopter à nouveau un chat (j’ai grandi avec des chats). J’avais enfin mon propre appartement et je pouvais donc accueillir à nouveau quelqu’un qui avait besoin d’aide. Mais j’ai préféré attendre le mois de Septembre pour être plus financièrement d’applomb pour donner le maximum au chat potentiel que j’allais recueillir. Puis je n’y ai plus pensé vraiment pendant un mois.
Arrivée la fin du mois, une amie de la cause animale m’envoie un message avec une biographie d’une petite chatte adorable (ne le sont-ils pas tous?). Je lis la biographie et je craque immédiatement. C’était une petite âme dont je devais m’occuper! Et j’ai répondu « oui » immédiatement.
Caelia est une chatte qui a eu la vie rude. Voici une partie de la biographie que j’ai eu de l’association Les Chats Libres de Nîmes:
« Caelia est une vraie survivante à l’âme combative, qui aime la vie et fait tout pour s’y accrocher. Cette chatte des rues a traversé le pire, bloquée pendant vingt jours dans une grange sans nourriture. Elle y a mis ses bébés (dont Myrdhine) au monde dans le dénuement le plus total et les a maintenus malgré cela en vie, alors qu’elle-même ne pesait guère plus de deux kilos. Après un long séjour de remise en forme, Caelia est devenue une magnifique demoiselle. »
En lisant ceci (et la suite), il était évident pour moi que Caelia devrait vivre chez moi. J’avais toutes les conditions idéales: le calme, le fait de vivre seule et de ne pas avoir d’autres animaux (car elle les craint). Donc, ma décision fut prise immédiatement. J’ai aussi été séduite par la douceur évidente de son regard. Grace à mon amie Stéphanie, je me suis rendue chez le jeune couple qui s’occupait d’elle. Au milieu d’une petite colonie de chats en évidence bien choillés, je n’ai pu la voir que brièvement car elle avait très peur. Par contre, j’ai rencontré ses enfants, dont Myrdhine, son petit roux de fils qui lui aussi a volé mon coeur. L’attachement de Caelia à Myrdhine m’a donc décidé à adopter maman et bébé ensemble. Ou comment passer de 0 chat à 2 en un seul jour!
Caelia et Myrdhine sont arrivés chez moi avec beaucoup de craintes. Myrdhine étant très jeune, s’est habitué tout de suite. Mais Caelia a passé les premiers jours cachée sous mon lit complètement effrayée par le changement et ayant du mal à se remettre également psychologiquement de sa stérilisation.
Pendant des semaines, je l’ai nourrie en lui mettant sa nourriture sous mon lit puis j’ai décidé qu’il était temps qu’elle prenne un peu de courage et j’ai laissé sa nourriture hors de ma chambre (et coté odeur, c’est aussi un plus!). Elle a finit par sortir, quand elle ne me voyait pas, pour aller manger. Je me suis rendue compte à quel point cette pauvre maman était traumatisée chaque fois que j’essayais de l’approcher un peu.

Une solution à ses peurs est venue grace à une connaissance: lui donner des tranquilisants pour chats (et chiens) que j’ai caché dans sa nourriture car impossible de le lui donner autrement. Après seulement un jour, elle est devenue beaucoup plus calme, a commencé à non seulement sortir plus de la chambre mais aussi dormir avec Myrdhine sur mon lit et son appétit a augmenté. Des bons signes! Le lit est d’ailleurs l’endroit préféré qu’ils ont tous les deux choisis.
Je vois maintenant qu’elle est beaucoup plus calme et semble plus heureuse. Elle se laisse beaucoup plus facilement approcher et apprécie les calins dont elle est friante. Elle n’en a jamais certainement eu autant. Et je crois que le cap le plus difficile est passé.
Myrdhine est un petit coquin de maintenant environ 8 mois (Caelia, d’après le vétérinaire a environ 2 ans) qui me fait les 400 coups. Il adore jouer avec une baguette et est le champion des calins. Pour me « dire » quelque chose, il pose sa petite patte doucement sur mon visage. Je craque complètement!

Tout va bien, si ce n’est le dilemne que je ressens toujours en tant que végane à l’idée de les nourrir de produits d’origine animale. Moralement, les animaux sont tous égaux à mes yeux et je suis consciente de la difficulté de réconcilier l’idée de s’occuper d’animaux carnivores (qui n’ont pas le choix bien sur contrairement aux humains qui sont des herbivores naturels). Cependant, je me rappelle chaque jour que l’être humain a créé cette situation en créant la domestication.
Les animaux auraient toujours dû être sauvages et non domestiqués. Il en revient donc à nous tous de malheureusement prendre la responsabilité des actions de nos ancêtres envers des êtres originellement souverains de leurs propres vies.
N’oublions pas que la vie d’un chat (ou d’un chien et des animaux d’élevage par ailleurs) n’a plus rien à voir avec la nature. C’est une construction humaine.
« Les animaux domestiques ne font pas réellement partie de notre monde, ni du monde des non-humains. Ils sont pour toujours dans un enfer de vulnérabilité, dépendant de nous en toute chose et en danger dans un environnement qu’ils ne comprennent pas vraiment. Nous les avons élevés afin qu’ils soient conciliants et serviles, qu’ils soient dotés de caractéristiques qui sont réellement dangereuses pour eux mais plaisantes pour nous. Nous pouvons les rendre heureux dans un sens, mais cette relation ne peut jamais être « naturelle » ou « normale ». Ils ne font pas partie de notre monde et y sont coincés, indépendamment de la façon dont nous les traitons. » ~ Gary Francione
Je sais que beaucoup d’amis ont réussi à végétaliser l’alimentation de leurs chats. Le sujet est contreversé bien entendu vu que les chats sont des carnivores naturels. Cependant, cela n’est pas impossible. Ma position, en ayant parlé à une amie vétérinaire végane de longue date, est que si le chat s’adapte en douceur à un régime végétalien contenant les ingrédient essentiels (comme la Taurine, synthétisée artificiellement) et l’accepte, il est évident que c’est le choix le plus éthique, dès l’instant où cela ne fait pas de mal au chat. Les produits commerciaux contiennent des ingrédients absoluments horribles qu’aucun humain n’accepterait s’il en savait le contenu.
Comme l’explique le vétérinaire renommé Andrew Knight de la Vegan Society:
« Les maladies (des chats) démontrées sont plus probablement liées à la maintenance à long terme des chats et chiens sur un régime carné de produits commerciaux contenant des reins, du foie, coeur, thyroide, neurologique, neuromusculaire, peau, maladies infectieuses, et désordres de saignements. »
Sans compter ce que contiennent les produits commerciaux, comme le décrit le site Matoucoeur:
« La composition de la plupart des croquettes les plus connues est souvent masquée par des mots » savants « . On trouve des traces de produits utilisés pour l’euthanasie dans certaines croquettes. Tous les déchets de l’agro alimentaire destinés à la consommation humaine sont réutilisés alors qu’aucun tri n’est fait dans le produit de l’équarrissage. C’est à partir de ces déchets que sont conçus les croquettes et pâtées des animaux. Les services vétérinaires sont incapables de juger la composition de ces « farines animales » qu’utilisent les fabricants de croquettes. C’est un marché énorme qui se cache derrière cette industrie mondialisée. »
Le vétérinaire Andrew Knight ajoute:
« Il y a un nombre limité d’études rigoureuses examinant la santé de populations de chats et chiens nourris sur des régimes végétariens ou végétaliens à long terme. Wakefield and colleagues (2006) ont comparé la santé de 34 chats sur un régime vététarien pendant au moins une année avec 52 chats sur une alimentation carnée sur la même durée. Il n’y avait aucune différence dans l’age, le sexe, la condition du corps, les conditions de vie, ou l’état de santé avec la plupart des chats décrits comme en bonne santé ou généralement en bonne santé. »
L’argument du type « un chat est carnivore, donc ce n’est pas naturel de le nourrir vegan » n’a aucun sens quand il s’agit d’un animal domestique vivant dans un milieu qui ne lui est pas naturel car la domestication elle même n’est pas naturelle.
Comme le dit très bien le site Vegechat:
« Nourrir un chat ou un chien sans viande n’est certainement pas naturel, mais les nourrir tout court n’est pas naturel. Le chat et le chien ne sont pas eux-mêmes naturels, ils ont été crées par l’homme à partir d’espèces sauvages. L’homme les a tellement modifiés qu’on ne sait même pas exactement de quelles espèces ils proviennent ; bien qu’il en soit proche, il n’est pas sûr que le chat domestique descende directement du chat sauvage d’Europe, ni de même que le chien provienne du loup. Leurs habitudes et leur physiologie ont changé, dans une direction voulue par les hommes, selon les intérêts des hommes, sans se demander si cette évolution « respectait leur nature ». Pourtant, beaucoup se plaisent à trouver scandaleux de les nourrir sans viande, parce qu’ici il ne s’agit pas de servir des intérêts humains, mais de servir ceux d’autres animaux, que l’on dit « de boucherie ». Et on ne se demande pas dans quelle mesure il est « naturel » pour ces derniers d’être justement « de boucherie » , d’être sélectionnés pour leur rendement, d’être parqués des mois ou des années durant dans des espaces où ils peuvent à peine bouger, de recevoir une nourriture on ne peut moins « naturelle », et, finalement, de finir leur carrière dans des boîtes pour autres animaux, dits « familiers », dont les ancêtres sauvages n’auraient jamais songé à se nourrir de boeuf ou de poisson… Si l’homme avait eu intérêt à nourrir les chiens et les chats sans viande, cela fait belle lurette que cela serait fait, tout comme, pour des motifs purement économiques, les poules en batterie sont nourries sans vers de terre, alors que leurs ancêtres en mangeaient dans la nature. Et on ne se soucie pas de savoir si cela est « contre nature », mais seulement si le rendement n’en est pas affecté. «
Mon intention est donc d’essayer de transitionner les deux chats sur une alimentation végétalienne saine dès que possible. Il est encore difficile de trouver des aliments végétaliens en France (mais pas impossible). Il y a quelques mois, j’avais ramené des croquettes végés d’Un Monde Végan à Paris pour les faire goûter au chat de mon père qui a plus de 6 ans (et c’est un mâle, ce qui est encore plus délicat) et il avait adoré! Cela peut demander aussi un suivi vétérinaire sérieux mais c’est de toute manière déjà le cas pour tous les gardiens qui recueillent ces réfugiés de l’exploitation humaine.
Je sais que pour beaucoup, le sujet peut être controversé. S’il s’avère que Caelia et Myrdhine rejette les croquettes véganes, il est bien évident qu’il n’est pas question de les forcer à les manger. Comme le dit très justement le professeur Gary Francione dans son livre « Introduction aux Droits des Animaux », il y a une énorme différence entre ce qui est moralement inexcusable ou moralement excusable. Parfois, nous n’avons pas le choix. Et comme il ajoute, est-ce que l’on doit les laisser mourrir de faim?
En conclusion, que l’on soit végan ou non, nous avons un devoir éthique envers tous les animaux (domestiques ou non). Ils ne nous ont rien demandé en dehors de les respecter, de les aimer et de ne pas leur faire du mal et encore moins de les tuer.
N’achetez pas, adoptez! et surtout, soyez végan vous-même! Les animaux méritent au moins ça.
Video de Myrdhine à 6 mois
Sources:
- Album de photos complet de Caelia et Myrdhine sur Facebook
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« Animaux de compagnie » : les problèmes inhérents à la domestication – de Gary Francione
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Commentaire n°2: Les « animaux de compagnie » de Gary Francione (audio en Anglais)
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Commentaire n°4: Suite de « animaux de compagnie » les chats non-végétaliens. – de Gary Francione (audio en Anglais)
- Pour adopter, visitez le site des Chats Libres.
- La page des Chats Libres de Nîmes (envers qui j’ai adopté Caelia et Myrdhine)
- Nourriture végane pour chats à Un Monde Végan
- Nourriture végétarienne pour chiens et chats de Forza
- Aliments végétariens pour chats et chiens d’AMI et Benevo Foods
- Can Cats and Dogs be Vegan? Vegancats.com
- Livre de Gary Francione « Introduction au Droit des Animaux ».
- Opinion de mon amie vétérinaire, le Dr. Armaiti May: Can My Cat Be Healthy on a Vegan Diet?
- Recette végane pour chats: Vegan Seitan & Oats Cat Food Recip
- Veggie Cat Food? Why Not All Cats Need Meat – Scientific American
- Des chiens et des chats végétariens/végétaliens – LibérationAnimale.com
- Histoire de chats végés (en Anglais) avec livre de recettes végés pour chats (et chiens) sur Vegepet.com
- Le site de l’association Veg’ et Chat !
- Recettes de Vegechat (en Français) pour ne pas utiliser les produits industriels.
- Excellent article: Les arguments en faveur de l’alimentation végétarienne pour chats et chiens – Vegechat.co
- Thousands of vegans have companion animals, or care for rescued cats or dogs. What a vegan should feed them, however, remains a contentious point of debate. Andrew Knight, a European veterinary specialist in animal welfare science, ethics and law, and a professor of Animal Welfare and Ethics at the University of Winchester, tells us more. The Vegan Society.
- L’excellent site Vegepets.com (en Anglais)
- Si vous lisez l’anglais, le livre de référence « Vegetarian Cats & Dogs » de James A. Pedan.
- Informations (en Anglais) sur ce que contiennent les produits commerciaux. Vegepets.com
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