Playdoyer pour les cochons

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Piglets (Porcelets) – Image by Roy Buri from Pixabay

Non, ceci n’est pas un billet lié à la vague #balancetonporc mais plutôt un appel en faveur de l’animal non-humain qu’est Sus Scrofa Domesticus, de son nom scientifique, plus connu également sous le nom de cochon. En fait, j’adore les cochons (l’animal non-humain) justement parce que j’ai envie de sauver leur réputation en plus de leur sauver la vie.

Le cochon est de loin plus intelligent que le chien et la science démontre qu’il peut résoudre des problèmes mathématiques et possède même une intelligence équivalente à celle d’un enfant de trois ans. Les porcelets dès seulement 6 semaines d’âge apprennent le concept du miroir en seulement quelques heures alors qu’il faut à un jeune enfant plusieurs mois. Emotionellement, leur capacité à la joie et l’anticipation d’un événement (comme l’arrivée de délicieuse nourriture) est une évidence.

« Nous devons repenser l’opinion que nous avons des porcs » dit la neuroscientifique Lori Marino, de l’université Emory, au Canada. Elle ajoute que « Nous avons montré que les porcs partagent un certain nombre de capacités cognitives avec d’autres espèces très intelligentes telles que les chiens, les chimpanzés, les éléphants, les dauphins, voire les humains »

Pourtant, le cochon ou la truie sont maltraité-es, dénigré-es, considéré-es « sales » et la langue française (mais pas que) ne peut s’empêcher d’instrumentaliser ce pauvre animal. « Manger comme un cochon » est une expression malheureusement courante et qui est tellement loin de la réalité.

En fait, les cochons, contrairement à l’image qui est donnée d’eux, sont très propres. Incapable de suer comme les humains (ils ne possèdent pas de pores), ils aiment les bains d’eau et de boue, seule manière pour eux de se rafraichir mais surtout de protéger leur peau des coups de soleil et des parasites.

Jamais la truie, qui est très familiale, ne ferait ses besoins au même endroit où elle élève ses petits. A raison d’une portée de bébés par an, les truies s’éloignent du groupe et se construisent consciencieusement un lieu pour mettre au monde leurs petits. Et ceci est vrai même en dehors du cas des naissances. Ce sont à l’origine des animaux de forêts habitués à parcourir du territoire (et non être enfermés comme des prisonniers). Le cochon « domestique » est une sous-espèce du sanglier et du cochon sauvage et peut parfaitement se reproduire avec ceux-ci.

L’intelligence du cochon est maintenant démontrée par la science comme étant une des plus haute du règne animal. Il serait même en 4ème position après le chimpanzé, le dauphin et l’éléphant. En effet, il est conscient de lui-même, possède une grande mémoire, est parfois (oui) machiavélique mais aussi empathique, et est capable de jouer à des JEUX VIDEOS mieux que les chimpanzés. Sa communication est très développée et ses émotions fortes. Tout comme les chiens, nous avons aussi des exemples de cochons sauvant la vie d’humains non seulement physiquement mais aussi pour la chirurgie des grands brulés.

Cochon star Farm Sanctuary May 5, 2014
Une des stars de Farm Sanctuary (Sanctuaire pour animaux de fermes) – Photo que j’ai prise en Californie le 5 Mai 2014

Dans l’image ci-dessus, ce cochon (dont j’ai malheureusement oublié le nom) se prélasse dans une marre d’eau au Sanctuaire Farm Sanctuary’s Animal Acres en Californie non loin de Los Angeles que j’ai visité en Mai 2014. Il était une vraie star et adorait s’amuser devant les visiteurs. Il est rapidement devenu un des habitants du sanctuaire préféré de la journée. Beaucoup d’autres animaux au sanctuaire ont été bien trop traumatisés par les humains pour s’approcher d’eux. Mais pas lui. Je n’ai donc pas résisté à le prendre plusieurs fois en photos.  Quel bonheur de voir des animaux heureux vivre leur vie, choyés par les humains qui prennent soin d’eux et sans avoir à craindre pour leur vie. Nous sommes ici à des années lumières de la violence de l’élevage. Il existe aussi des gens qui adoptent des cochons chez eux comme ils adopteraient un chien ou un chat. L’exemple de la célèbre Esther me vient à l’esprit.

Pendant ce temps dans le monde « civilisé », la vie du cochon n’est que misère.

Comme je l’explique dans « C’est quoi le véganisme? », la vie des cochons (et des autres animaux esclaves des humains) est tout sauf la vie que mène la star de Farm Sanctuary ci-dessus. Il fait partie des chanceux qui ont pu échapper à l’élevage et finir leur vie à l’abris de l’exploitation et de la torture. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour des millions de cochons (milliards si l’on inclut les autres espèces esclaves). Dès leur naissance, on castre les porcelets à vif, sans anesthésie (même si l’industrie prétend l’inverse), on leur arrache des dents car, une fois adultes, ils deviennent fous et cannibales. On les force à consommer 37% des antibiotiques vétérinaires vendus en France. Et pour couronner le tout, on nie aux truies leur comportement naturel de mères et les enfermant dans des cages si serrées qu’elles ne peuvent donner aucune tendresse à leurs petits et parfois même les écrasent involontairement en complète négation du lien sacré entre parent et bébé.

Et si les cochons survivent à tout ça, ils peuvent espérer vivre 5 mois. Dans la nature, ils peuvent vivre 25 ans. On peut apprendre beaucoup des cochons: leur sens de l’empathie, leur côté extrêmement maternel (leur groupe est organisé de façon matrilinéal), leur respect de l’environnement… Comme l’explique l’association L214: « Quand il s’agit d’une ressource naturelle (des champignons, par exemple) et qu’ils ont tout mangé, ils attendent plusieurs jours avant de ré-explorer l’endroit. Quand il s’agit d’une ressource qui se renouvelle rapidement (une mangeoire réapprovisionnée plusieurs fois par jour par un humain), ils l’explorent en premier dès qu’ils commencent à avoir faim. » Ce n’est certainement pas le cas des humains, destructeurs en chef.

Si seulement, nous pouvions arrêter de les voir comme objets de consommation à notre service. L’élevage n’existe que parce que nous exploitons le système reproductif des animaux femelles. Le lien historique est que l’exploitation des animaux femelles a également conduit à l’exploitation des femmes et à l’esclavage humain il y a environ 8 à 10000 ans. Tout est connecté. Ce n’est pourtant pas si compliqué de ne pas les manger. Nous n’en avons aucune nécessité biologique. Seule la propagande qui nous est imposée dès la naissance nous incite à consommer leur chair. Et comme toute propagande, elle ne dépend que de celui ou celle qui y croit.

« Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des guerres. » Léon Tolstoï 

Sources:

© Copyright Septembre 2019 – Veronique Perrot – Tout droits réservés. Toute utilisation et/ou publication non-autorisée de ce matériel sans l’autorisation verbale ou écrite de cette auteur et/ou de cette propriétaire est strictement interdite. Des extraits ou des liens peuvent être utilisés si un crédit clair et complet est donné avec une direction spécifique et appropriée vers le contenu original.